Février 2019 — Le premier chapitre souligne la difficulté de proposer une définition cohérente du field holler. Ce qui n'interdit pas de rechercher un minimum d'objectivité, en commençant par évacuer les fantasmes que le Web parvient à imposer par la répétition.
La recherche a commencé par une réelle interrogation : à quelles caractéristiques correspond exactement l'appellation « field holler » ?
Entre la définition générique proposée par Paul Oliver et celle, bien plus précise mais très incomplète, de David Evans, il y a place pour différentes approches ; mais il se trouve que la plus fréquente consiste à éviter toute description qui risquerait d'être immédiatement prise en défaut, pour n'aborder que les aspects contextuels ou fonctionnels.
Cette prudence excessive a ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffrés les vulgarisateurs improvisés du Web, Wikipedia en tête. La plupart des articles en ligne sont des assemblages de phrases rigoureusment idcntiques et de citations hors-contexte, recopiées sans discernement, qui introduisent un degré de confusion supplémentaire en assimilant les hollers soit aux chants de travail collectifs, soit aux negro spirituals, et même... aux deux à la fois !
Afin de donner à cette étude une assise objective, on s'efforcera de rappeler les traits essentiels des chants que les folkloristes ont recueillis sous le nom de field hollers, et de s'y tenir. À supposer qu'il existe des points communs entre les appels informels lancés à travers champs et les complaintes structurées des levee camps, énonçons-les clairement sans enfermer le holler dans une préhistoire imaginaire, pur produit de l'idéologie occidentale.